Des œuvres qui, à l’origine, ne valaient quasiment rien, se vendent aujourd’hui à prix d’or et se retrouvent dans les musées les plus prestigieux de la planète…
S’appuyant sur les lettres des principaux protagonistes du mouvement (Corot, Pissarro, Cézanne, Renoir, Monet, Manet, Van Gogh ou Berthe Morisot), ce documentaire rend compte du formidable engouement pour la peinture impressionniste, depuis ses débuts difficiles jusqu’à la reconnaissance internationale.
Mais au-delà de la naissance d’un petit groupe de peintres soudés par les violentes critiques qu’ils suscitèrent "Le Scandale impressionniste" raconte l’aventure de la lumière, comment celle-ci est devenue l’élément premier de l’œuvre, détrônant le dessin, et comment ce petit groupe, en particulier Claude Monet, a esquissé les grands principes de la peinture moderne.
Aujourd'hui, où l'impressionnisme est une évidence parfois exploitée jusqu'au cliché, et où l'énorme rétrospective Monet au Grand Palais, à Paris, risque de battre des records d'affluence (1), on peine à mesurer quelle bataille accompagna cette révolution du regard consistant à ouvrir les yeux sur la nature, quand l'Académie exhortait à travailler en atelier, à imiter les anciens en s'attachant au fini de l'oeuvre.
« Apprenez à voir », dit Eugène Boudin, qui emmène le jeune Renoir sur le motif. « Peignez la vie », conseille Manet à Degas, surpris en train de copier des oeuvres au Louvre. Renoir revendique des choses « aimables, joyeuses et jolies », quand Monet s'esquinte les yeux en fixant les vibrations pures des couleurs dans des séries accueillies par des sarcasmes. Une véritable bande de « singes qui se seraient emparés d'une boîte de couleur », écrit Le Figaro.
En 1875, la première vente aux enchères de toiles impressionnistes se déroule sous les invectives, et les artistes sont parfois contraints de racheter leurs oeuvres pour à peine le prix du cadre. Un rejet qui durera jusqu'au début du XXe siècle : Caillebotte, acheteur et mécène du mouvement, mort en 1894, lègue sa collection à l'Etat, qui mettra plus de vingt ans à l'accepter, et partiellement - le solde partant à la fondation Barnes, aux Etats-Unis.
Bien au-delà de cette nouvelle approche du sensible, ce documentaire montre combien la peinture s'ouvre alors à des cheminements individuels. Incontrôlables donc.