Jackie Chan - Humour, gloire et kung-fu
Autodérision, zones d'ombre et cascades en cascade : ce portrait réjouissant déroule les mille et une vies de Jackie Chan, prolifique inventeur du kung-fu comique.
Ses parents le surnommaient pao pao ("boulet de canon"). Mais lorsqu'ils ont l'opportunité d'émigrer en Australie, ils préfèrent ne pas s'encombrer de cet enfant turbulent et le laissent à Hong Kong sous la férule d'un internat qui prépare ses élèves à entrer à l'Opéra de Pékin. De cette inflexible école, et de cet abandon, le petit Jackie tirera une maîtrise du kung-fu sans pareille et une boulimie de reconnaissance. Emballé par les plateaux de cinéma, où il est mieux traité qu'à la pension, il s'impose peu à peu, d'abord comme modeste figurant, puis comme "cascadeur bas de gamme", selon les termes de ce charmeur qui a fait de l'autodérision une seconde nature. Il s'améliore et devient ensuite un acteur indispensable, apte à jouer comme à exécuter toutes les acrobaties. La mort brutale de Bruce Lee libère un espace qu'il ne tarde pas à occuper. Contraint au départ de l'imiter, Jackie Chan fait un bide. Prenant ensuite le contre-pied de l'idole, il compose un hilarant anti-héros, gaffeur et attachant, dans Le Chinois se déchaîne (1978). Il vient d'inventer le kung-fu comique, dont il déclinera les multiples variations (notamment la savoureuse "boxe de l'homme saoul") au travers de son impressionnante filmographie, et qui feront les délices du public asiatique, puis mondial, avec l'émergence de la culture VHS.
Sous influences
Sous un feu roulant de cascades, superbement chorégraphiées, et d'apparitions débonnaires de la star, dont le sourire engageant ne se crispe que quand on évoque la politique chinoise, ce documentaire déroule les mille et une vies de Jackie Chan. Cet acteur acrobate hors pair – un brin suicidaire, comme en témoignent ses diverses fractures – se révèle aussi réalisateur, producteur, chanteur pop, héros pixélisé de jeu vidéo, philanthrope et, depuis la rétrocession de Hong Kong, ambassadeur culturel controversé du régime de Pékin. Le film montre comment sa carrière prolifique s'est fondée sur l'émergence du cinéma d'action hongkongais, genre qu'il a su renouveler à coups d'influences burlesques (Chaplin, Keaton), d'incursions hollywoodiennes (Rush Hour) et d'émotion (Karaté Kid, inspiré de son enfance à la dure), jetant ainsi un pont entre les cinémas américains et asiatiques.