Il sut manier avec un naturel confondant la langue de la cour et celle du bon peuple. Parler philosophie avec des mots bien simples. Mettre en mots réjouis les grivoiseries qu’il avait, sa vie durant, pratiquées à foison. S’essayer au théâtre, ne point s’y arrêter. Et créer, l’air de rien, la fantaisie d’un monde où le lapin taquin, la cigale étourdie, le moustique obstiné ressemblent, comme des frères, au poète et à ses semblables. Des côteaux champenois aux tavernes parisiennes, de Vaux le Vicomte au salon de la rue des Petits-Champs, le maître des eaux et forêts sillonna l’existence en épicurien bonhomme, l’esprit aux aguets, l’œil pétillant. Après une enfance champenoise rêveuse, ce « bon garçon, fort sage et modeste » selon son ami Louis Maucroix, découvre les cabarets et goûte la joyeuse vie littéraire du Paris du Grand Siècle, celle de Molière, Boileau, Racine. Fidèle à Fouquet dans sa disgrâce, pas assez courtisan pour une carrière littéraire fulgurante, La Fontaine entre néanmoins à l’Académie française. Suivre ses traces, entendre l’écho de son oeuvre, au fil des siècles et des livres, c’est entrer au royaume d’un styliste virevoltant, d’un génie de l’a-propos, d’un moraliste en robe des champs. C’est ce que le Figaro Hors-Série vous propose en 104 pages, avec Fabrice Lucchini, Marc Fumaroli, Laurent Dandrieu, et quelques autres, illustrées par Gustave Doré, Fragonard, Benjamin Rabier, Rebecca Dautremer…