“♦ Achille Delattre De mineur à ministre d'État ♦ _ Par son ascension sociale, son combat pour les plus démunis, et plus spécialement les mineurs, son don d'orateur et d'écrivain, Achille Delattre est sans conteste un grand Pâturageois, un Borain d'exception, un Wallon d'envergure internationale. Il est né le 24 août 1879 à Pâturages dans une famille ouvrière et protestante. Chez lui, 10 personnes vivaient dans trois pièces! Pour faire de la place dans les lits, on s'était organisé pour que certains travaillent à la mine la nuit, les autres le jour. Non, ce n'est un pas un remake de Germinal. C'était tout simplement la réalité. Dans ces conditions, comment comprendre qu'Achille Delattre ait eu le goût de l'étude et ait brillamment terminé son école primaire et même, réussi son examen cantonal? C'était exceptionnel pour l'époque. Le gamin, pendant des années, a dû batailler ferme pour que chaque soir, il puisse trouver une minuscule place sur la table familiale pour y faire ses devoirs. Mais à 12 ans, c'est l'âge où les gamins peuvent descendre à la mine. En ce qui le concerne cette possibilité était un devoir. Il y travailla à tous les postes et fut sérieusement blessé. Il dut quitter la fosse et devint porteur de journaux et puis, correspondant local pour «Le Peuple». A l'âge de 21 ans, il décide de reprendre des études en suivant des cours du soir d'histoire et d'économie politique. Comme Louis Piérard, il se bat pour l'éducation de la classe ouvrière et est lui aussi un précurseur en créant en 1904 la bibilothèque de la Maison du Peuple de Pâturages. Mais il n'a pas oublié son passage à la mine où il a laissé beaucoup d'amis. Il connaît mieux que quiconque leurs conditions de travail. Il se lance alors dans le syndicalisme. Il sait parler «vrai», est proche des gens. Ses meetings sont suivis par des centaines de personnes. De 1914 à 1918, il devient secrétaire de la Centrale des Mineurs du Borinage. En 1920 il sera le secrétaire national de cette centrale. _ ♦ Ministre et président de parti ♦ _ Ces qualités l'incitèrent à se lancer en politique. Il est élu député en 1921, devient ministre du Travail et de la Prévoyance sociale en 1935, ministre du Combustible et de l'Energie en 47, ministre d'Etat en 45. Il a été conseiller provincial, administrateur de l'Ecole des Mines dès 1927. Au niveau du parti socialiste, il en a été le vice-président en 1938, président dès la défection de Henri De Man. Il reprit la présidence du parti à la libération jusqu'à la nomination de Max Buset sur sa proposition. Son action au gouvernement fut décisive: permière loi sur les congés payés en 1936, celle des sept heures et demie dans la mine, la pension aux ouvriers et petits employés, création de l'Office National du Placement et du Chômage. Au ministère du Combustible, il créa le Conseil National des Charbonnages, la Maison des Mineurs à Morlanwelz et finit par résoudre le problème du charbon qu'Achille Van Acker avait commencé à solutionner. Sur le plan communal, Achille Delattre devint bourgmestre de Pâturages en 1939. Evidemment, son mandat a été coupé par la guerre. Il s'était d'abord réfugié en France où, dans la clandestinité, il était le contact belge avec le parti socialiste français. Revenu en Belgique, il fut arrêté à deux reprises et incarcéré à la citadelle de Huy. Il combattait dans la résistance, dans un maquis de la région de Couvin. A La libération, il retrouva bien sûr son écharpe mayorale. Les Pâturageois lui doivent notamment le centre de plein air, la restauration des deux églises et du temple protestant, la reconstruction de Notre Dame Auxiliatrice détruite par un incendie. Et puis, il entreprit de grands travaux de voirie, d'alimentation en eau courante, la construction ou la modernisation des écoles, l'assainissement des cours d'eau et le voûtement d'une grande partie du ruisseau du Rieu du Coeur et du Liernes. _ ♦ Une plume sensible ♦ _ À côté de l'homme politique engagé et déterminé, on trouve aussi chez Achille Delattre un excellent écrivain, malgré la scolarité qui fut la sienne. Il écrivit pas mal d'ouvrages: «Dans la bourrasque», «Combat», «Histoire de nos corons», «l'Héritage Antoine Coulisse», «A la gloire du mineur», «Souvenirs», «Le chant de la mine», «Alfred Defuisseaux», «Colfontaine» et en plus quelques poésies. Il en est une, dédiée au «Tchon» qu'André Auquier a reprise dans son livre «ces vies hors du commun». Le Tchon est une fillette qui déjà descend à la mine. Et la vie de la fosse n'attend pas. Achille Delattre avec une délicatesse émouvante décrit cette fillette déjà un peu femme émue par les regards des hommes assemblés sur le carreau et qui attendent que la cage plonge. Elle est toujours fillette, mais la vie l'a prise; Ce n'est plus d'inquiétude que son cœur bat: Un autre sentiment la tourmente et la grise, le Tchon, fillette encore, est femme un peu déjà. Com” _ ♦ Achille Delattre (né à Pâturages le 24 août 1879 et mort à Baudour le 13 juillet 1964) est un ouvrier syndicaliste belge, devenu homme politique membre du Parti ouvrier belge (P.O.B.). Ancien mineur, il fut nommé ministre d'État._ À lire...
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