Léon Trotsky - Un homme à abattre
En août 1940, Léon Trotsky, devenu l’ennemi juré de Staline, est assassiné à Mexico par l’Espagnol Ramón Mercader. Dans un documentaire à la mécanique de thriller, retour sur cette incroyable opération commanditée directement par Staline.
Minutieusement préparée, la mission porte le drôle de nom d’opération "Canard". Depuis que Staline a décidé, en 1936, d’éliminer Trotsky, l’officier du NKVD Pavel Soudoplatov n’a pas ménagé sa peine. Chef de l’administration des missions spéciales en charge des sabotages, enlèvements ou assassinats, il a choisi pour accomplir la besogne un jeune communiste espagnol : Ramón Mercader. Combattant de la guerre d’Espagne, ce dernier est recruté en 1937 par l’intermédiaire de sa mère, elle-même agente du NKVD. Déchu de sa nationalité en 1929, Trotsky mène depuis une vie d’exilé. Successivement expulsé de Turquie, de Norvège et de France, le fondateur de l’Armée rouge et de la IVe Internationale vient juste de trouver refuge au Mexique, seul pays à lui avoir accordé l’asile politique. Après son accueil à Mexico dans la "maison bleue" du couple de peintres Diego Rivera-Frida Kahlo, une brouille avec son hôte – ce dernier n’a pas apprécié sa brève liaison avec Frida – le contraint à déménager au début de l’année 1939. Avec sa femme, Natalia, et Sieva, leur unique petit-fils – aucun de ses quatre enfants n’a survécu au régime stalinien –, Trotsky poursuit ses activités révolutionnaires dans une villa du quartier de Coyoacán. C’est là, le 20 août 1940, que Ramón Mercader lui fracasse le crâne avec un piolet.
Patients stratagèmes
Quelles ont été les grandes étapes de l’opération orchestrée par le NKVD pour éliminer Trotsky ? Comment Ramón Mercader a-t-il été recruté et formé ? Par quels patients stratagèmes est-il parvenu à devenir l’un des familiers du révolutionnaire en exil ? Pour répondre à ces questions, Marie Brunet-Debaines (Antoine de Saint-Exupéry – Le dernier romantique, John Huston, une âme libre) nous entraîne dans un véritable thriller historique, nourri d’images tournées dans le Mexico d’aujourd’hui, d’archives choisies et de scènes de fiction. Son film s’appuie sur une solide documentation, puisée, entre autres, dans les souvenirs publiés par Jean van Heijenoort, secrétaire et traducteur de Trotsky de 1932 à 1939. Cette enquête haletante éclaire aussi les dernières années, intimes et politiques, de l’un des artisans majeurs de la révolution bolchevik, qui paya de sa vie son opposition à Staline.