Le premier a rejoint la Ligue nationale démocratique d’Aung San Suu Kyi. Le deuxième est un missionnaire bouddhiste auprès des minorités chrétiennes du pays. Le troisième est un activiste nationaliste, ouvertement raciste. Trois moines bouddhistes aux convictions opposées donnent à voir la Birmanie d'aujourd'hui, tiraillée entre ouverture et xénophobie.
Traditionnellement, les cinq cent mille moines bouddhistes de Birmanie prennent part à tous les secteurs de la vie sociale du pays et, s'ils restent à l'écart de la politique, maintiennent une réelle influence, à la fois spirituelle et pratique, sur le peuple. En 2011, la dictature militaire, au pouvoir depuis plus de cinquante ans, mise sur l’économie de marché et multiplie les signes d'ouverture, mettant fin notamment à la résidence surveillée de l'opposante historique Aung San Suu Kyi. Depuis 2016, celle-ci est membre du gouvernement, toujours largement tenu par l’armée. Dans cette dynamique inédite, une nouvelle génération de moines s’engage en politique, pour le meilleur et pour le pire.
Majorité, minorités
À travers trois portraits de moines, la Birmanie en devenir se dévoile, tiraillée entre ouverture, liberté, xénophobie et repli sur soi. Le premier, Uthan Bita, a rejoint la Ligue nationale démocratique d’Aung San Suu Kyi. Le deuxième, U War Lay, est un missionnaire bouddhiste auprès des minorités chrétiennes dans des lieux reculés du pays. Enfin, Utu Sait Tha, un activiste nationaliste, ouvertement raciste, milite pour la "protection de la race et de la religion birmanes" contre les 5 % de musulmans du pays, les Rohingya, minorité persécutée, et même menacée selon plusieurs associations des droits de l'homme d'un possible génocide. Un éclairage bienvenu sur ces événements oubliés des JT.